Aujourd’hui, partons à la rencontre de Jérémy Guillaume, photographe du sud de la France qui vit de la photographie depuis 12 ans. Jérémy a accepté de se prêter au jeu de mes questions et je vous propose donc d’en découvrir un peu plus sur ce photographe passionné. Vous pouvez également retrouver sont travail sur :
Bonjour Jérémy,
Peux-tu te présenter en quelques lignes, comme photographe, mais pourquoi pas sur ta vie en dehors de la photographie?
Bonjour Grégory. Déjà je voulais te remercier de m’offrir la possibilité de partager ma vision de la photo. Je trouve que les échanges de regards et d’expériences sont extrêmement enrichissants.
C’est toujours difficile de se présenter mais pour mettre les choses dans leur contexte, j’habite près d’Aix en Provence et je vis de la photographie depuis 2012. En tant que photographe j’ai toujours été attiré par l’humain et les émotions. Par les visages, les expressions. Si je devais résumer ce que j’aime par dessus tout c’est photographier le bonheur des autres. Je trouve que la photo est magique dans le sens où tu peux arriver à figer un moment de vie anodin qui en réalité est hyper intense.
Sur un plan plus personnel, j’ai 35 ans et je vis avec une photographe exceptionnelle, Elodie, et sa fille de 8 ans. On vient d’avoir un bébé qui a un peu plus de 7 mois à l’heure où j’écris ces lignes. Son arrivée a changé pas mal de chose dans ma vision de la vie de manière générale et du coup dans mon approche photographique. J’ai pris davantage conscience de l’importance de créer des images pour conserver ces moments anodins qui passent à une allure folle. J’ai envie de me rappeler de petits détails et de les transmettre à mon fils et toute notre famille plus tard.

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Racontes-nous quand et comment tu as commencé la photo?
Avec le recul j’ai l’impression que ça s’est fait naturellement même si sur le coup ça a été un petit tsunami. 🙂Après quelques années en bureau d’étude, j’étais urbaniste, j’ai décidé de me lancer dans la photo. A l’époque mon boulot ne me déplaisait pas mais je n’étais plus satisfait de passer mes journée enfermé dans un bureau. J’avais envie de liberté, de faire quelque chose pour moi. J’ai choisi la photo car j’en faisais depuis plusieurs années déjà pour le plaisir et je ne me voyais rien faire d’autre sur le coup. Je pense que la difficulté lorsque l’on souhaite quitter un travail qui ne nous convient plus, réside dans le fait de trouver quoi faire en remplacement.
Pour la photo je ne me suis pas trop posé de questions, je ne me voyais rien faire d’autre en fait. C’était le seul projet qui me rassurait, même si avec mon regard actuel je me dis que je ne savais pas du tout ce que je faisais et où j’allais. Ah ah ! Mais je n’en étais pas conscient à l’époque alors tout allait bien ! Pour former énormément de photographes chaque année, je sais à quel point il est difficile de se lancer. Si je devais conseiller les personnes qui vont lire cet article et qui se posent la question, je dirai que si on le sent, même si on ne sait pas trop comment ça va se passer et si c’est réellement possible, il faut y aller.
Notre mental a tendance à nous jouer pas mal de tours et à nous créer des peurs qui sont, la plupart du temps, irrationnelles ou démesurées. Le fait de s’attacher à sa première impression et de ne pas réfléchir trop longtemps permet d’être dans le moment présent et par expérience, on ne regrette jamais le moment présent.
Si je devais recommencer aujourd’hui, je me formerai beaucoup plus rapidement auprès de personnes qui m’inspirent. A mes débuts en 2012 j’avais le sentiment que je devais me prouver à moi-même que j’étais capable de réussir sans l’aide de personne. Et puis, il faut dire qu’il n’y avait pas autant d’offres de formation de qualité qu’aujourd’hui. Du coup j’ai le sentiment d’avoir perdu énormément de temps.
Le fait de ne pas me faire accompagné a eu comme conséquences que je me suis beaucoup cherché à mes débuts. J’ai essayé à peu près tout en photo (photo animalière, en crèche, reportage, couple, studio, etc.). Finalement je me suis aperçu que ce que j’aimais par dessus tout c’était de photographier les gens et leur bonheur avec simplicité. On cherche toujours à faire compliqué alors que les choses simples sont toujours les plus belles.

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Quelles sont tes spécialités photographiques ?
Comme je le disais au dessus j’ai testé énormément de disciplines photo à mes débuts pour finalement me concentrer sur la photographie sociale. Au bout d’environ 1 an et demi d’activité je me suis donc focalisé sur le mariage. J’avais conscience que pour arriver à bien vivre de la photo il était important d’être vu comme un spécialiste. C’est valable dans tous les domaines. Si tu fais tout et n’importe quoi, tu t’adresses à tout le monde, donc à personne. Au final ceux qui viendront vers toi ne se retrouveront pas dans ton message. Ils seront donc à la recherche d’un prix plus que d’un service et/ou produit.
En plus de prendre conscience de tout ça, je n’avais pas envie de passer mes jours et mes nuits à travailler pour un revenu dérisoire. A quoi bon changer de métier si c’est pour galérer. Je crois d’ailleurs que c’est une croyance qui est pas mal ancrée chez les personnes qui débutent. On pense, à tord, que si on a la chance de faire un travail passion, alors ça peut se faire au détriment de notre qualité de vie.
La réalité c’est que ce sont les personnes qui triment et qui sont déprimées dans leur job qui ont un problème. Pourquoi devrions-nous souffrir et mal vivre sous prétexte que le travail que l’on choisit nous plait énormément ?
Une fois que le mariage a été bien installé, j’ai développé la photo de couple puis les séances famille. C’était une suite logique pour moi. Lors du mariage tu fais forcément des photo de couple, et avec le temps, les premiers couples qui m’ont fait confiance ont commencé à avoir des enfants et fonder une famille. Aujourd’hui je ne fais pas vraiment de différence entre toutes ces spécialités. J’ai la même démarche et je crois que c’est ce qui crée de la cohérence dans mes images. Je cherche le beau et l’authenticité en chacune des personnes qui passent devant mon objectif et surtout, je ne cherche pas à les montrer autrement que ce qu’elles sont sur le moment.
Depuis 3 ans j’ai développé le portrait. En boudoir et en nu, pour aider les femmes à gagner en estime. J’en ai toujours fait, j’ai commencé la photo en faisant des portraits avant de me lancer, mais j’avais besoin de trouver un vrai projet fort et un positionnement unique pour vendre ce service en étant en accord avec mes valeurs. D’ailleurs je propose une formation sur le portrait!
Du coup mes photos ne sont finalement que la concrétisation de toute l’expérience que je fais vivre autour et pendant la séance. Aujourd’hui je considère que l’on ne fait plus des photos pour faire des photos mais que l’expérience est vraiment au centre de la démarche afin de proposer à nos clients un vrai électrochoc. C’est de cette manière que l’on peut se différencier. Car en ayant une réflexion profonde sur nos valeurs et notre démarche on peut attirer à nous des personnes chez qui notre message va résonner et qui seront prêtes à investir dans ce patrimoine.

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Comment se compose ton sac photo ?
C’est assez simple, j’ai deux boîtiers et deux optiques. Deux Nikon D750, un 58mm f/1.4 et un 35mm f.1.4. Je fais 98% de mes photos avec ce set-up. A mes débuts, comme beaucoup de personnes je pense, j’ai pas mal investi dans du matos. Je pensais que c’était lui qui faisait la photo et puis je me cherchais. J’ai eu des zooms que j’ai vite abandonné pour des focales fixes. Aujourd’hui les 2% restant de mes photos sont réalisées avec un 85mm f/1.8, un 28mm f/1.8 (que j’utilise principalement en séance famille quand j’ai besoin de recul) et un objectif tilt 85mm f/2.8. Et en réalité je ne les prends que très très rarement. Je n’ai pas envie de me charger en séance.
Pour ranger mes appareils, j’ai un sac ONA Bag en cuir, c’est classe et je peux tout ranger dedans. Une double sangle HodlFast en cuir également pour plus de praticité sur mes mariages et en séance. Enfin, j’emmène toujours dans mon sac une petite enceinte Bose pour détendre l’atmosphère avec de la musique. Et pour les mariage, j’utilise deux flash Nikon SB700. Ils ne me servent qu’en soirée.

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Où trouves-tu ton inspiration ?
C’est une question qui n’est pas facile. Comme ça je dirai que l’inspiration est partout. Je la puise dans ce que je peux voir sur internet de manière générale. Mes enfants et ma compagne sont également une source importante d’inspiration. Je pense que ce sont nos enfants qui nous font grandir autant que nous les aidons à faire leur chemin. On a beaucoup à apprendre d’eux. Après, je dirai que ma plus belle source d’inspiration ce sont mes clients. Pendant longtemps j’ai cherché à créer des images que je voyais ci et là car je les trouvais belles. Aujourd’hui j’essaie de laisser un maximum de place à mes clients et de les laisser me donner ce qu’ils ont de plus beau à partager.
J’ai déménagé il y a quelques mois et je vis aujourd’hui à la campagne, en pleine nature. C’est assez dingue à quel point la nature est reposante. Je ne sais pas si je puise aussi mon inspiration dans cette dernière de façon directe mais c’est clair qu’elle joue un rôle important dans mes envies et mes projets actuels. D’ailleurs, j’écris ces lignes en levant la tête régulièrement vers la fenêtre pour observer les arbres à perte de vue.

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Parmi tes photos, si tu ne devais en retenir qu’une seule, peux-tu nous présenter ta photo préférée et nous raconter son histoire ?
Olalalala, c’est extrêmement difficile de faire ce choix. A une époque j’aurais dis que ce serait une photo que je n’ai pas encore réalisé. Aujourd’hui je suis beaucoup plus dans le moment présent et j’aime toutes les photos que j’ai la chance de créer. Choisir une photo est compliqué, il y a la lumière, les émotions, et puis ce qu’elle raconte personnellement. Du coup s’il fallait n’en choisir qu’une seule ce serait celle-ci.

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Comme il faut en choisir une, j’ai choisi celle-ci. C’est une photo très personnelle. C’est un autoportrait des premiers moments à 4. Je l’aime pour le moment qu’elle représente et pour la force des instant de vie. Je l’ai déjà dit mais ce qui compte le plus ce sont les souvenirs qui vont rester et qui sont figés grâce aux photos. Cette image est très loin d’être parfaite. Elle n’est pas super bien cadré (on a trouvé qu’un petit rocher à l’endroit qui nous plaisait) :p mais elle est forte parce que c’est la première photo que je peux regarder de nous quatre. ♥
Je l’ai choisi aussi parce que c’est le message que je veux faire passer. Peu importe la qualité des images, ce qui compte c’est d’en réaliser pour que les souvenirs restent. Bien sûr, je recommande de prendre un photographe pro pour se créer des souvenirs. Les photos seront bien cadrées et c’est la certitude que tout le monde soit dessus en plus de vivre une expérience qui ne serait pas possible sans. Un photographe qui a conscience de la valeur des souvenirs fournira également des supports (tirages, albums, etc.). C’est important car c’est un gage de qualité pour que ces souvenirs restent justement présent pour toujours.
Quelle serait la prochaine photo que tu aimerais faire ?
Vraiment tes questions sont super, ça me permet de me questionner sur beaucoup de choses. 🙂 Comme je le disais plus haut je vis de plus en plus dans le moment présent. Alors j’essaie de ne plus trop de me projeter comme je pouvais le faire avant et j’essaie de laisser mon instinct me guider. Mais je sens en ce moment un besoin de renouveau. J’ai le sentiment que je maîtrise assez bien mon sujet et que je dois rentrer dans un nouveau cycle. J’ai envie d’intégrer plus de décors à mes photos, plus de paysage. Dans mon style j’ai tendance à être toujours très proche des personnes que je photographie. Du coup j’ai envie de prendre du recul sur les choses (c’est peut-être l’effet de la parentalité ça).
J’ai aussi envie de tester de nouvelles lumières. Je le fais déjà en projets perso mais une fois dans la séance avec mes clients j’ai tendance à retomber plus ou moins inconsciemment dans ce que je sais déjà faire. Sûrement par sécurité. Je sens que j’ai envie de me mettre plus en danger pour découvrir de nouveaux univers. Me laisser guider pour créer des images encore plus authentiques et plus connectées.

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Imagine que l’on te donne un crédit illimité, quel projet photographique, dingue ou plus sage, aimerais-tu réaliser ?
Alors, je n’ai pas l’impression de me limiter dans mes projets aujourd’hui. Pour moi l’argent n’est pas un problème. C’est une énergie. Du coup lorsque j’en ai besoin je mets ce qu’il faut en place pour en avoir davantage. Ce que j’aime par dessus tout ce sont les photos simples. J’aime aussi passer du temps avec les personnes que je photographie, à la fois pour les comprendre mais aussi pour saisir plus en détails la psychologie humaine. Je trouve ça fascinant.
Lors d’un workshop il y a quelques années, j’ai été marqué par le travail de Sebastien Salamand, alias Le Turk. Il réalise des décors en studio pour créer des mises en scène incroyables. Donc, pour répondre à ta question, peut-être que j’essaierai de créer des mises en scène en étant accompagné d’une équipe. Pour le défi et pour avoir une réflexion plus aboutie sur une image finale qui serait plus grandiose.
Depuis longtemps j’ai aussi l’envie de créer un projet autour du bonheur. Je ne sais pas encore sous quelle forme mais je pense que ça viendra un jour. En tous cas ce qui est certain c’est que j’ai toujours en parallèle à mon activité des projets personnels. Ce sont eux qui me donnent un nouveau souffle continuellement. Et même si aujourd’hui je ne me mets plus la pression en séance et que j’arrive à lâcher prise, les projets me permettent d’expérimenter, de tester de nouvelles choses et de m’évader. Finalement je n’ai pas vraiment de projets fous. Simplement des choses simples qui mettent l’humain au premier plan. Avec un gros budget je prendrai surement plus mon temps.

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Peux-tu nous raconter un de tes meilleurs souvenir pendant une séance photo et pourquoi pas également le pire ?
C’est tellement difficile de sélectionner un souvenir en 8 ans de métier. Pour le pire je crois que j’ai de la chance. Je n’ai jamais vécu de situation horrible. J’ai bien eu des moments plus inconfortables mais ce sont aussi, et surtout, eux qui m’ont fait grandir. Celui qui me vient à l’esprit naturellement c’est lors d’une séance couple avec des futurs mariés. Au bout de 10 minutes de séance le couple me dit qu’ils ne sont pas du tout à l’aise, que ce que je fais ne leur correspond pas, que c’est trop « culcul ». Sur le coup mon ego en prend un sacré coup, je leur propose ce que je sais faire et d’habitude ça fonctionne.
Alors, pour ne pas leur faire passer un mauvais moment, je décide de changer radicalement ma façon de faire pour les diriger beaucoup plus. Je leur propose des mises en scène. Un peu comme si je faisais du cinéma. Depuis, mes séances couple se sont transformées, j’ai trouvé un équilibre parfait dans les interactions. Je laisse énormément de place à mes couples tout en les guidant un minimum pour maîtriser le coté esthétique. C’est un super compromis.
Et pour le meilleur je dirais toutes les fois où il y a eu une vraie connexion avec mes clients. Tu sais, lorsque tu as le sentiment que quelque chose de fort s’est passé et que le moment que tu es entrain de vivre ensemble transforme quelque chose. Même si c’est parfois minime, je crois assez fort que nous ne faisons aucune rencontre par hasard et que toutes nos expériences sont là pour nous faire grandir.

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Si tu devais faire découvrir un photographe peut être encore méconnu, et un seul, à BonPlanPhoto et à ses lecteurs, qui proposerais-tu?
Sans hésiter Elodie Forot, ma compagne. Je trouve son travail formidable. Elle a une vraie sensibilité et est extrêmement douée pour photographier les petits moments du quotidien et les détails. Comme je l’ai dit plus haut. Je ne suis pas adepte du spectaculaire, je trouve que le beau est dans les choses simples. Une lumière, une posture, un détail peut faire tout la différence. Elodie arrive à capter tout ça. Sûrement avec sa sensibilité de femme. Elles ont un énorme avantage sur nous je trouve en étant davantage connectées.

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Un dernier mot ?
Ecoute merci infiniment pour cette interview. C’est un vrai plaisir de pouvoir partager mon parcours. J’espère que tes lecteurs trouveront leurs bonheur en lisant ces quelques lignes. Et pour terminer j’aimerai faire passer le message que tout est possible à partir du moment où l’on y croit et que l’on est sur notre chemin. Je pense que lorsque l’on ressent que quelque chose est bon pour nous c’est important de persévérer et de se donner les moyens d’y arriver. Même si ça prend du temps.
On vit à 100 à l’heure, on veut que tout arrive immédiatement. La réalité, c’est que les choses sont souvent longues à mettre en place. Il ne faut pas oublier qu’un immense désert est composé de milliards de petits grains de sable.
Merci pour le partage, on sent son amour des gens au travers de ses photos ! 🙂